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7 mars 2024
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Comment bien formuler les questions de son enquête ? Concision, unicité, simplicité, spécificité, neutralité et variété sont les 6 piliers à respecter pour rédiger des questions efficaces et engageantes. Ces règles d’or vous permettront ainsi d’augmenter le taux de retour de vos enquêtes.
Comme pour toutes les règles édictées dans cet article, il faut tenir compte du mode d’administration du questionnaire : est-il assisté ou non ? Est-il lu ou entendu par le répondant ?
D’une manière générale, un questionnaire lu par un enquêteur requiert un effort supplémentaire de clarté et de concision, afin que les questions et les consignes se suffisent à elles-mêmes et que l’enquêteur ne soit pas trop contraint d’apporter précisions et développements qui risqueraient de trop influencer la réponse.
Voici donc les 6 règles à respecter lorsque vous rédigez les questions de votre étude.
I – La concision et l’esprit de synthèse
Le premier pilier à respecter lorsque vous rédigez les questions est d’être concis et de garder un esprit de synthèse. En effet, ces qualités sont essentielles car une formulation trop longue ou trop complexe peut induire des effets négatifs chez le répondant, comme la non-réponse à certaines questions, une mauvaise compréhension de la question, voire l’abandon du questionnaire.
Ainsi, plus les mots sont nombreux dans une question, plus les sources de confusion sont grandes pour le répondant.
a) Opter pour un nombre de questions adapté
Pour votre questionnaire, nous vous préconisons une longueur moyenne de 30 questions maximum ! Cependant, cette longueur varie en fonction des contextes de l’enquête :
- Les enquêtes téléphoniques sont beaucoup plus courtes, alors que les méthodes en face à face et par courrier conduisent à des longueurs moyennes. Les questionnaires diffusés par internet peuvent être plus longs.
- Les enquêtes s’adressant à des panélistes ou à des collaborateurs sont plus fournies, alors que les clients d’une entreprise sont sollicités d’une manière plus concise.
- Les recherches et les observatoires nécessitent des questionnaires plus longs
- Enfin, les grands échantillons autorisent plus de précision dans l’observation, et donc des questionnaires plus longs.
Ainsi, la longueur de votre étude dépend de votre cible, mais gardez à l’esprit de rester concis.
b) Présenter 20 mots maximum par question
En ce qui concerne la rédaction des questions, en 1951 déjà, Stanley Payne recommandait une longueur maximum de 20 mots. Cette longueur peut être supérieure pour les questions relatives aux comportements, qui nécessitent souvent un peu plus de précision. Dans les pays francophones, la longueur moyenne des libellés des questions est proche d’une dizaine de mots. En effet, peu de questions dépassent la limite de 20 mots proposées par Payne.
II – La simplicité
a) Se mettre dans la peau du répondant
Le deuxième pilier à respecter lorsque vous rédigez un questionnaire est de rester simple. Et pour y arriver, il est fondamental de se placer du point de vue du répondant. Ainsi, se pose-t-il autant de questions que vous au sujet de l’étude ?
En effet, un questionnaire trop compliqué ou trop détaillé décourage le répondant, et donc compromet une partie de la qualité des réponses. Vous risquez ainsi de mesurer une réalité sous un angle beaucoup plus compliqué qu’elle ne l’est véritablement. Donc pensez toujours à vous mettre dans la peau de votre cible.
Nous vous conseillons de tester votre propre questionnaire quelques jours après l’avoir finalisé afin de voir si vous avez le « courage » d’aller jusqu’au bout.
b) Limiter le nombre de modalités de réponse proposées
Ne dépassez pas 7 modalités de réponse pour vos questions fermées ou à choix multiples ! Dix possibilités étant la limite maximale. En effet, cela permet aux répondants de choisir une réponse qui reflète précisément leur opinion ou leur situation, sans les submerger par trop d’options.
c) Ne pas faire compliqué quand on peut faire simple
Aux formulaires alambiqués, apprêtés et verbeux, préférerez des questionnaires pragmatiques, réalistes et opérationnels. Pour chaque question, nous vous recommandons fortement de vous interroger : « Comment pourrais-je dire cela plus simplement ? »
Poser des questions simples augmentera ainsi votre taux de retour.
III – L’unicité
Le troisième pilier à respecter dans la formulation de vos questions est l’unicité. Il s’agit ici de veiller à ce qu’une question ne mesure qu’une seule information. En effet, nous sommes parfois amenés par une formulation trop longue et trop complexe, à poser plusieurs questions en une. Cependant, la réponse peut ne pas être correctement interprétée par le répondant, et il sera difficile d’en tirer des conclusions satisfaisantes.
Donc concrètement, pour s’assurer qu’un formulaire d’enquête ne contient pas de « double questionnement », veillez à ce qu’il ne comprenne aucune conjonction de coordination (le fameux mais, ou, et, donc, or, ni, car). Par ailleurs, un seul verbe par question est souvent suffisant.
Et rappelez-vous : une question = une variable à mesurer !
IV – La spécificité
Il est primordial que la question que vous formulez mesure parfaitement la variable que vous souhaitez étudier. C’est sans doute l’aspect le plus difficile dans la rédaction de votre questionnaire. Plus vous avez été précis et sérieux dans la définition du champ d’investigation, plus cette phase sera réalisée avec fluidité.
Si vous souhaitez analyser des comportements, il est important de préciser la période de temps à prendre en compte, en restant réaliste. Ainsi, évitez les adverbes trop généraux comme « habituellement » ou « souvent », qui donnent lieu à des interprétations différentes de la part du répondant. Proposez plutôt au répondant de se situer sur une échelle contenant des périodes objectives comme « tous les jours », « une fois par semaine », « une fois par mois »…
V – La neutralité
« On fait dire aux sondages ce qu’on veut », dit l’adage. Il est vrai que selon la tonalité de la question, vous pouvez induire plus ou moins fortement une réponse. Il convient donc de rester impartial dans l’intitulé de la question afin de ne pas « orienter » les réponses. Ce phénomène peut être accentué en présence d’un enquêteur qui manifesterait une attitude particulière à l’énoncé d’une interrogation ou à l’annonce d’une réponse.
Évitez aussi les questions interro-négatives comme « Ne saviez-vous pas que … » pour lesquelles il est difficile de répondre par la négative.
Par ailleurs, l’effet de « désirabilité sociale » joue beaucoup dans les enquêtes assistées. En effet, certains répondants peuvent être tentés d’apporter une réponse jugée convenable ou valorisante. Il conviendra alors de rédiger le questionnaire en évitant cet écueil. N’oubliez-pas que des questions concises favorisent leur neutralité.
VI – La variété
a) Varier les types de questions
Le dernier pilier essentiel à prendre en compte dans la formulation de vos questions est la variété. En effet, afin de dynamiser votre enquête et conserver l’attention du répondant, il est essentiel de varier le type de question. Ainsi, le recours à différents types de réponses introduit de la variété dans le processus d’interrogation. Les questionnaires qui ne présentent par exemple qu’une succession massive et monotone de plusieurs batteries d’échelles entraineront plus de refus de répondre, plus de réponses manquantes et plus de réponses systématiques.
Le questionnaire étant un acte de communication, il faut donc introduire de l’agrément par la variété, sans oublier que le plaisir de répondre est fortement présent parmi les motivations des personnes à qui l’enquête s’adresse. Par exemple, n’hésitez-pas à intégrer des images, des illustrations, de la couleur… dans votre questionnaire afin de le rendre plus attrayant.
Attention toutefois à ne pas utiliser les échelles dans un sens puis dans autre (« Pas du tout satisfait » à « Tout à fait », puis ensuite « Tout à fait satisfait » à « Pas du tout satisfait ») : vous prenez alors le risque que le répondant se trompe !
b) Utiliser les questions ouvertes
Pour varier et dynamiser votre questionnaire, pensez à utiliser les questions ouvertes ! En effet, elles permettent de :
- varier le rythme,
- laisser un peu de liberté après une série de questions fermées,
- stimuler la réflexion.
c) Introduire un aspect ludique
Cela permet de dynamiser le questionnaire en apportant un angle de vue complémentaire.
Le portrait chinois
Dans les enquêtes d’images ou de satisfaction par exemple, le « portrait chinois » consiste à demander au répondant d’associer à la marque ou à l’entreprise un animal, un sport, un titre de film ou une couleur. Les questions se formulent de la manière suivante : « Si [nom du produit/entreprise] était un animal, ce serait… ».
Le mur d’image
La technique du mur d’image consiste à proposer au répondant d’exprimer son point de vue en choisissant une ou plusieurs images au sein d’un « mur » constitué par le chargé d’études. Les images sont présélectionnées par l’enquêteur pour refléter toutes les dimensions possibles du sujet étudié. Le répondant est alors questionné ensuite sur les raisons du choix et sur les évocations suscitées par les images choisies. Outre l’analyse des représentations visuelles choisies et du verbatim généré, le mur d’images permet de rapprocher les divers formats de réponse pour une meilleure validation des résultats.
Nos chargés d’étude sont à votre disposition pour vous aider dans la rédaction de votre questionnaire. Contactez-nous !
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Rédigé par :
Aurore BONNET
Chef de projet étude chez Le Sphinx |
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